Le slogan a fait mouche. Simple et efficace. Quatre mots, « Make America Great Again », devenus quatre lettres, « MAGA ». Il n’en a pas fallu davantage pour emporter le vote populaire. Une première depuis George W. Bush, en 2004. Le 47e président des Etats-Unis a bel et bien gagné le vote populaire avec 77,3 millions de voix, contre 75 millions pour la candidate démocrate. Du coté des sept états clés, les fameux « swing states » – enjeu majeur pour emporter le maximum de grands électeurs – tous les sondeurs avaient prévenu : ça sera très serré. Résultat, carton plein pour Trump qui les rafle tous, sans exception. (L’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin).
La recette Trump ? La promesse d’un retour à la prospérité économique, à la sécurité, à l’identité nationale. « America first », le message a été reçu 5 sur 5 par des Américains qui, biberonnés au patriotisme durant des décennies dès leur plus jeune âge, aiment leur pays. D’un amour chevillé au corps, au cœur même, presque dans leur ADN.
Le phénomène Donald Trump, souvent associé à l’idée du « retour de l’Amérique triomphante, » incarne la solution à ce mal profond dont souffre notre époque, l’absence de repères et d’espoir. Trump a su capitaliser sur des préoccupations concrètes : déclin industriel, insécurité culturelle et sentiment d’abandon des classes populaires. Positionné comme un outsider face aux élites politiques traditionnelles, il a séduit les électeurs fatigués par le « système. » Sa communication non conventionnelle, souvent provocante, a renforcé son image d’homme « du peuple » malgré sa fortune. En jouant sur les émotions et en simplifiant les messages complexes, Donald Trump a su rallier un large électorat qui se sentait ignoré par les élites.
Qu’on l’admire ou qu’on le critique, Donald Trump a transformé indéniablement le paysage politique américain, suscitant un débat mondial sur le nationalisme, le populisme et le leadership.
Devant un tel succès, certains se rêvent en Trump à la française. S’inspirer du mouvement « Make America Great Again » pour développer un mouvement similaire en France peut être une stratégie intéressante, mais elle impose une adaptation au contexte social, économique, et culturel propre à notre « vieux » pays. Pas si simple.
D’abord il convient de bien appréhender les ingrédients de ce succès. Le slogan « MAGA » est, comme nous l’avons évoqué, direct, inspirant et facilement mémorable. Un slogan similaire pour la France devrait refléter des valeurs locales et des aspirations universelles comme la souveraineté, la prospérité, et la fierté nationale. Le Président candidat, Nicolas Sarkozy en 2012, avait intégré cette dimension dans son slogan d’alors « La France Forte ». Les nuées de drapeaux tricolores agités durant ses meetings de campagne (au Trocadéro notamment) se réclamaient de cette fierté nationale. Mais la France n’est pas l’Amérique, le patriotisme n’y est pas vécu, ni ressenti de la même manière. Un océan nous sépare.
Ensuite, il est essentiel de comprendre les préoccupations des citoyens : MAGA a capitalisé sur des problèmes perçus comme le déclin industriel, l’immigration et la perte d’identité culturelle. En France, les préoccupations sont les mêmes.
Enfin se pose la question du « leader charismatique » : Trump a incarné son message. Quelle figure française aujourd’hui serait capable d’en faire autant avec une vision claire de l’avenir de notre société et un style rassembleur ?
La France n’est pas l’Amérique, donc. Contrairement aux États-Unis, la France, riche mais trop souvent contrite de son histoire millénaire, valorise des principes comme la laïcité, l’égalité, et la fraternité. Ces valeurs doivent légitimement être intégrées au discours pour fédérer une majorité, mais elles ne peuvent et ne doivent l’être qu’à la seule condition d’en faire une force, un atout et non un handicap. Aucun avenir n’est possible sans réconcilier modernité et tradition. Ce que n’a pas compris le wokisme. La promotion de solutions innovantes, le progrès ne peuvent se faire au détriment du bon sens, du patrimoine culturel et historique.
Ainsi la promotion du « Made in France » – dans l’esprit « France first » – pour soutenir l’industrie et l’emploi local ; La protection de nos frontières et la régulation de l’immigration ; La mise en valeur de la langue française, de notre patrimoine et de nos traditions tout en favorisant l’innovation ; Une vision de la transition écologique claire, pragmatique et non punitive pour une croissance durable ; La revalorisation du rôle des citoyens dans les institutions, qui le replace au centre du jeu, avec des outils comme le référendum, etc…pourraient être l’incarnation du modèle « MAGA » version « french touch ».
Ce type de projet, bien mené, pourrait rallier des citoyens autour d’un objectif commun : Redonner à la France un sentiment de grandeur et de rayonnement. Sentiment qui fait cruellement défaut.
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