« J’accuse ! » titrait le quotidien l’Aurore le 13 janvier 1898. Sous la plume d’Émile Zola, un plaidoyer pour sauver le capitaine Dreyfus injustement condamné pour intelligence avec l’ennemi. Souvent plagiée, jamais égalée, cette lettre ouverte au Président Félix Faure a fait date. Une référence. Le symbole du pouvoir des journalistes à révéler, porter et défendre la voix de la vérité, de la liberté. Quoi qu’il en coûte, jusqu’à l’exile. La vérité n’a pas de prix.
J’aime les journalistes pour cela. Ils sont précieux. Gardiens du réel, ils informent le monde sur le monde. Leur liberté de ton, de sujets, d’expression – droit fondamental dont dispose chaque individu d’exprimer ses opinions, idées et croyances sans crainte de censure ou de répression – sont une richesse et un pilier essentiel de la démocratie.
En régime totalitaire, les journalistes, sous le joug du dictat du pouvoir en place, ne sont libres de rien ; Ni des sujets qu’ils veulent traiter, ni de la ligne éditoriale, ni des informations qu’ils voudraient partager, ni des gens avec qui ils aimeraient travailler. Tout est, et doit être, validé en amont. Sous contrôle.
Ce matin, à la suite de la fermeture brutale de la chaîne C8 et l’annonce de l’arrivée de Cyril Hanouna sur le groupe M6, la Société des Journalistes (SDJ) du groupe M6 et RTL s’est fendu d’un communiqué de presse, pour le moins surprenant, venant de « journalistes ».
On y apprend en effet qu’« après échange avec la SDJ et représentants syndicaux, la Direction de M6 a assuré qu’au sein du groupe, Cyril Hanouna ne devrait pas s’aventurer sur le terrain politique ou polémique. La direction du groupe M6 affirme avoir prévu des garanties et des Garde-fous pour encadrer les programmes qui lui seront confiés : léger différé, contrôle des conducteurs, choix des collaborateurs et des chroniqueurs de Cyril Hanouna… »
Schizophrénie ? Trouble dissociatif de l’identité ? Ces « journalistes » se réjouissent de ces « garanties » mais se rendent-ils compte qu’ils se tirent une balle dans le pied ? Alors même qu’à travers le monde, nombre de leurs consœurs et confrères luttent quotidiennement pour leur liberté d’expression et sont victimes de censure, ils se réjouissent de la mise en place de contrôles des conducteurs, du choix des sujets (pas de politique), de légers différés…Pire, que la direction aura un droit de regard sur le choix des collaborateurs et des chroniqueurs…
Il arrive que des journalistes se perdent.
J’accuse ! J’accuse « ces journalistes » qui, aveuglés par une idéologie, un sectarisme primaire, en oublient les valeurs et les principes qui fondent toute démocratie qui se respecte.


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